D’après Méfiez-vous, fillettes ! SN n° 41 (Miss Callaghan Comes to
Grief, 1941)
• Réal. : Yves ALLÉGRET / Origine : France / Durée : 1h27 / Scén. :
René WHEELER / Dial. : René WHEELER, Jean MECKERT / Photos : Robert
JUILLARD / Musique : Paul MISRAKI / Mont. : Robert CLAVEL / Son :
Louis HOCHET / Prod. : Silver Films, Agnes Delahaye Productions,
Chrysaor Films / Coul. : noir et blanc / Prod. : Robert Dorfmann,
SILVER FILMS, AGNÈS DELAHAIE PRODUCTIONS, CHRYSAOR FILMS / Distrib.
: LES FILMS CORONA / Interp. : Antonella LUALDI (Dany Dumont),
Robert HOSSEIN (Raven), Michèle CORDOUE (Fan), Jacqueline POREL
(Cora), Gérard OURY (Marcel Palmer), Jean GAVEN (Petit Jo), André
LUGUET (Spade), Pierre MONDY (Tonio), Georges FLAMANT (Mendetta),
Elisabeth MANET (Stella Mendetta), Alain SAURY (Léo Dumont), Roland
LESAFFRE (Paul), Jean LEFEBVRE (Matz), Dominique PAGE
(Sophie/Viviane), Michel JOURDAN (Bertie), Dominique DAVRAY (Arlette),
Jean-Claude BRIALY.
A peine sorti de prison, Raven tue Mendetta, le responsable de son
arrestation et caïd de la ville. Deux des hommes du caïd se font
passer pour des policiers auprès d’un témoin du meurtre, la jeune
Dany, locataire dans l’immeuble où Mendetta a été tué. Ils enlèvent
Dany et la séquestrent afin de l’utiliser, si besoin, contre Raven.
Celui-ci s’impose avec son copain, Petit Jo, comme le principal
truand de la ville. Seul un vieux tenancier, Spade, ne se laisse pas
intimider. Le mari de Dany, Léo, recherche son épouse, c’est Raven
qui la découvre. Son gardien a abusé d’elle et elle s’apprête à
mettre fin à ses jours.
Yves Allégret eu sans doute un succès augmenté suite à ses démêlés
avec la censure. Les Cahiers du Cinéma notaient (n° 74,
août-septembre 1957) : “La Série Noire ne meurt pas en beauté. Ce
n’est pas de cette façon qu’Yves Allégret renouera avec le talent”.
Et même l’impersonnel Index de la Cinématographie Française remarque
: “Le milieu frelaté de la pègre est, comme toutes les productions
de ce genre, entouré d’un halo de romanesque, de pittoresque
humanité qui plait au public.”
Yves Allégret, lui, n’était pas
d’accord. Dans un interview qu’il m’a accordé avec Stéphane
Levy-Klein, il déclarait : “On m’a dit que je faisais des films
noirs. Je ne suis pas d’accord. Mes films sont réalistes, c’est la
vie qui est noire, beaucoup plus noire que ne le sont mes films…
Avec Méfiez-vous fillettes, nous voulions rester dans la réalité. Et
pour ce faire, Wheeler et moi-même sommes restés huit jours chez les
anciens tenanciers des grands bordels parisiens. Il y a des phrases
entières de dialogues que nous avons reprises des anciens truands.
Renseignements pris, nous avons fait le film, et je crois même qu’il
reste en-dessous de certaines violences en usage dans ce milieu à
cette époque.” Sorti au milieu d’une pléthore de film sur la
prostitution, Méfiez-vous fillettes fut accusé de sadisme (gros plan
sur des veines qu’on ouvre au rasoir) et de complaisance, alors
qu’il s’agissait, de la part de l’auteur de Dédée d’Anvers, d’un
adieu au cinéma qu’il aimait. |