LA CHAIR DE L’ORCHIDÉE (1975 – France - Allemagne - Italie)
D’après le roman homonyme La Chair de l’orchidée (The Flesh of the
Orchid, 1948)
• Réal. : Patrice CHÉREAU / Année : 1975 / Origine : France-Allemagne-Italie
/ Durée : 110mn (2h00) / Scén. : Jean-Claude CARRIÈRE et Patrice
CHÉREAU / Prod. : Vincent MALLE [V.M.P.-Paris Cannes Production-Les
Films Meric-O.R.T.F.-Les Films de L’strophore (Paris) – T.I.T.
(Munich) – Oceania (Rome)] / Photos : Pierre LHOMME (Scope, couleurs)
/ Mus. : Fiorenzo CARPI / Mont. : Pierre GILLETTE / Décors : Richard
PERDUZZI / Son : Harald MAUR / Interprètes : Charlotte RAMPLING
(Claire Wegener), Bruno CREMER (Louis Delage), Hugues QUESTER,
Edwige FEUILLÈRE (Mme Bastier-Wegener), Simone SIGNORET (Lady Vamos),
Alida VALLI (la folle dans la gare), Hans Christian BLECK et
François SIMON (les frères Berekian), Eve FRANCIS (La mère de Delage),
Pierre ASSO (le médecin).
Claire est la très riche héritière de son père, un milliardaire
qui lui a laissé en mourant toute sa fortune. La tante de Claire,
madame Wegener veut s’approprir cette fortune et a réussi à faire
enfermer Claire dans un asile. Elle réussit cependant à s’évader et
dans sa fuite éperdue, elle est recueillie par deux hommes, Louis
Delage et Marcucci.
Patrice Chéreau choisit la suite de Pas d’orchidées pour Miss
Blandish pour ses débuts au cinéma. Œuvre ambiguë et agréablement
décorative, le film pêche néanmoins par une absence de rythme ; le
souci du décor et de la photo finit par étouffer l’émotion. Seule
Simone Signoret apporte une réelle dimension à son personnage. À
elle seule, elle ne peut empêcher la dynamique du roman d’être
réduite à une série d’affontements psychologiques pesants.
Michel GRISOLIA (in Ellery Queen Mystère-Magazine n° 326, 04/1975,
p. 115-116, rubr. : Cinéma) : « L’enfant terrible du théâtre passe
au cinéma. Un événement. Un événement plus qu’une révélation. Car,
que l’on soit nostalgique ou non du roman de Jamers Hadley Chase, il
faut bien admettre que La Chair de l’orchidée (film) est une
tentative ratée. L’histoire n’est pas le moins du monde en cause :
les délires de la famille Blandish (devenue ici le clan Wegener),
les démêlés de Claire avec sa tante (superbe Edwige Feuillère, sobre,
étonnante), ses amours ratées, sa vengeance finale sont d’excitantes
péripéties, qui pouvaient déboucher sur un opéra baroque, un
thriller palpitant, un constant hyper-réaliste sur la mort de la
grande bourgeoisie européenne. De tout cela, Chéreau n’a rien fait.
Ceux qui ont vu ses derniers spectacles, notamment l’admirable
Dispute d’après Marivaux, retrouveront dans le film sa science des
éclairages, sa direction d’acteurs convulsive, exagérée, sauvage,
son goût pour le noir, l’expressionnisme et le cirque suavement
morbide. Mais de cinéma proprement dit, on ne trouve nulle trace
dans La Chair de l’orchidée. Le travail de la caméra n’est pas
suffisamment original pour faire passer les invraisemblances, les
trous du récit (qui ressemblent davantage à des oublis qu’à des
ellipses) : c’est un film figé qui se contemple interminablement,
avec de-ci, de-là des fulgurances (une arrivée nocturne de voitures
dans la cour d’un asile, une irruption dans une gare emplie de
folles, un épilogue surprenant dans un hôpital) et beaucoup
d’inutilités, de plans superflus. Ce n’est même pas prétentieux,
c’est simplement une petite chose demeurée à mi-chemin de ce qu’elle
eût pu être. Charlotte Rampling refait son numéro de Portier de nuit,
Simone Signoret est incroyable, Alida Valli trop vite enfuie. La
Chair de l’orchidée ne fera oublier ni La Femme au gardénia de Lang,
ni l’œuvre d’Orson Welles, vers qui Chéreau a, semble-t-il, trop
regardé. Il n’est toutefois pas exclu qu’un jour, il donne au cinéma
un chef-d(‘œuvre. Ses mises en scène de théâtre peuvent le laisser
prévoir : elles sont, elles, du cinéma. » |